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par Torquemada » lun. 2 nov. 2020 07:48
Ge/Servette a été placé en quarantaine
En dix jours, les Aigles vont essayer de ne pas rouiller
L’équipe des Vernets espère bien pouvoir bénéficier d’une exception, comme à Lugano, pour que ses joueurs «négatifs» au Covid puissent continuer de s’entraîner.
Christian Maillard
Publié: 01.11.2020, 19h50
En ce week-end de Halloween et de la Toussaint, les petits Diablotins ont profité de faire un saut aux Vernets pour jeter un mauvais sort. C’est, depuis samedi soir, au tour des hockeyeurs de Ge/Servette de se retrouver dix jours en quarantaine. Tandis que le semi-confinement est de retour dans la République pendant un mois, les Aigles, qui devaient affronter Lugano dimanche, avaient déjà été placés en isolement après que huit ou neuf joueurs du contingent ont été déclarés positifs.
Comme s’exclamait Loïc Burkhalter, directeur sportif de La Chaux-de-Fonds, la semaine dernière, un jour avant que son club soit également contaminé par la pandémie, «on n’est pas sortis de l’auberge». Quinzième formation de ligue nationale sur vingt-quatre à être touchée par le Covid depuis le début de la saison, celle de Patrick Emond a donc l’interdiction de s’entraîner et de jouer jusqu’au 11 novembre. Une période interminable pour des pros.
«Pour des joueurs de ce niveau, rester inactifs aussi longtemps, c’est un gros problème»
Laurent Strawson, président de Ge/Servette
«Pour des joueurs de ce niveau, demeurer inactifs aussi longtemps, c’est un gros problème pour rester performant», s’inquiète le président Laurent Strawson, conscient que ses entraîneurs vont retrouver, d’ici à dix jours, des athlètes avec les batteries à plat. Comme c’est à chaque fois le cas lors d’une reprise de championnat. «On le constate déjà après deux ou trois jours de congé, alors imaginez dix», soupire l’un des deux entraîneurs adjoints, Louis Matte, qui ignore dans quel état ses joueurs vont ressortir de ce brouillard.
Il est vrai que la corde à sauter, les pompes ou le vélo d’appartement ne remplaceront jamais un entraînement intensif et collectif sur la glace. «Quand vous êtes chez vous, on n’entretient pas les mêmes muscles que sur la surface de jeu, expliquait Christian Dubé, coach et directeur sportif de Fribourg-Gottéron, le 24 octobre au matin.ch, après la fin de la quarantaine de ses hommes. Des joueurs me l’ont dit: le risque de blessure était important.» Et le Québécois d’avouer qu’il avait récupéré «une équipe de première ligue ou de vétérans». Complètement rouillée.
«La grosse difficulté, c’était le second souffle, qui met du temps à arriver»
Dany Gélinas, coach du HC Sierre
Un avis que partage Dany Gélinas, l’entraîneur du HC Sierre, qui vient de retrouver ce vendredi à midi «des gars qui avaient faim et contents de pouvoir recommencer» après ces dix jours d’inactivité. Mais pas comme si rien ne s’était passé. La pause a compliqué sa tâche. «La grosse difficulté, c’était le second souffle, qui met du temps à arriver, a remarqué le coach des Valaisans. Après avoir quitté des athlètes qui étaient physiquement, techniquement et mentalement au top, j’avais le sentiment d’avoir en face de moi des joueurs presque plus bas dans leur condition que lorsqu’ils étaient arrivés le 3 août pour le premier entraînement.» Ou comment faire pour raccrocher les wagons à un train qui roule à vive allure…
«Il a fallu reprendre les fondamentaux, cumuler des kilomètres sur la glace et travailler les exécutions pour qu’ils retrouvent au plus vite leurs sensations «pied main tête» en situation de jeu, poursuit l’entraîneur des Sierrois. Mais ils sont déterminés au point de demander, comme ce dimanche, un entraînement supplémentaire pour travailler les tirs devant la cage par exemple.»
Dany Gelinas a pu également constater que certains de ses hockeyeurs étaient déjà en bonne condition. Comme par enchantement. Comme si d’aucuns, qui avaient les jambes trop lourdes, avaient profité de la nuit pour aller courir en forêt ou escalader à plusieurs reprises les escaliers dans leur immeuble pour peaufiner leurs conditions. Pourquoi pas, finalement? Ce n’est pas interdit s’ils ne croisent personne, non? «Il suffit de garder la forme de manière intelligente», estime le coach.
L’exemple du HC Lugano
Comme à Lugano, où les Bianconeri, contrairement à Fribourg et Sierre, avaient été autorisés, le 13 octobre dernier, à s’entraîner cinq fois ensemble à la Cornèr Arena durant leur quarantaine. Seuls les trois joueurs infectés par le virus étaient contraints de rester chez eux; les autres, négatifs, ont pu, après trois jours de confinement, retourner à la patinoire.
«Mais, avait précisé Serge Pelletier, nos activités avaient été supervisées par le médecin cantonal. Et il n’y a eu aucun contact avec le monde extérieur.» Joueurs et entraîneurs avaient vécu dans trois bulles: à savoir leur domicile, leur voiture et la patinoire. «Au stade, précisait le coach des Tessinois, les gars ont été répartis dans trois vestiaires, ce qui a limité les contacts. En plus de porter le masque dans cet environnement, ils ne pouvaient pas se retrouver à plus de quatre dans le secteur des douches.» Et la salle de force était interdite.
Dans ces conditions particulières, ce serait la solution idéale qu’aimeraient appliquer les Genevois. «Mais pour cela, on doit avoir l’autorisation du médecin cantonal, lâche Louis Matte. On va en parler à Mme Aglaé Tardin ce lundi pour voir s’il est possible d’avoir une exception comme à Lugano, renchérit Laurent Strawson. Sinon, je ne sais pas dans quel état on va retrouver nos joueurs le 11 novembre.»
Ils ont dix jours pour redevenir des petits diablotins sur la glace. Comme avant cette quarantaine. Avant ce nouveau retour du semi-confinement sur Genève.