Le Temps publie une série sur le hockey. Je les ai placés dans la rubrique hockey suisse. Mais celui de ce jour traitant des patinoires, et aussi un petit peu de la non-nôtre
je le poste ici :
Denis Vaucher: «Une nouvelle patinoire attire un nouveau public»
Plus de revenus, davantage d’attractivité, moins de problèmes de sécurité: il n’y aurait que des avantages dans le renouvellement actuel des infrastructures du hockey suisse, soutient Denis Vaucher, directeur de la Ligue nationale
A l’heure de la reprise du hockey sur glace en Suisse, «Le Temps» explore pendant une semaine les coulisses de son succès, entre modèles économiques singuliers, joueurs charismatiques et histoires fascinantes.
Attention chantier(s): depuis une dizaine d’années, les vieilles patinoires du pays sont rénovées ou remplacées par de nouvelles constructions. Berne a lancé le mouvement dès 2008, suivi par Zoug, Bienne, Langnau… Viège a inauguré son antre flambant neuf vendredi dernier, Lausanne découvrira le sien le 24 septembre, les travaux se poursuivent à Fribourg, Davos et même Ambri, qui quittera prochainement sa mythique Valascia. La nostalgie? Balayée avec les gravats. Directeur de la Ligue nationale, Denis Vaucher ne voit que des avantages à ce renouvellement des installations. Selon lui, le hockey suisse en avait bien besoin.
Le Temps: Quel regard portez-vous sur le renouvellement des patinoires du pays?
Denis Vaucher: C’est une situation excellente. Elle découle d’investissements de la part des clubs et des autorités politiques, qui sont un très bon signe pour le hockey sur glace suisse. Nous avons beaucoup de fans dans la population et pour nous, il est très important d’offrir à ces personnes les installations nécessaires à leur confort, comme le chauffage dans les enceintes, ainsi qu’une gastronomie suffisante et diversifiée.
Les nouvelles patinoires ne répondent-elles pas avant tout à des objectifs économiques pour les clubs?
Si, mais pas que. Il s’agit aussi d’attirer de nouveaux clients, des publics qui jusqu’ici ne venaient pas, ou moins, notamment le public féminin. Attention, je ne dis pas non plus que seuls les hommes se déplaçaient auparavant, mais de meilleures infrastructures, comme le chauffage ou des sanitaires appropriés, permettent à plus de femmes de trouver du plaisir lors des matchs.
Le hockey suisse avait du retard, il s’en est rendu compte et le processus de remplacement des vieilles patinoires s’est dès lors accéléré
Denis Vaucher
Pourquoi les nouvelles patinoires se multiplient-elles précisément maintenant?
Trois raisons expliquent cela. La première, c’est que nous avons défini il y a dix ans, en collaboration avec les clubs, des exigences pour les infrastructures en matière de confort et de sécurité. Les clubs devant remplir les critères minimaux pour recevoir leur licence de jeu, l’occasion était belle de repenser leurs infrastructures. Deuxièmement, les patinoires devenaient vétustes. Certaines datent des années 1950 ou 1960. Le hockey suisse avait du retard, il s’en est rendu compte et le processus de remplacement des vieilles patinoires s’est dès lors accéléré. Troisièmement, les taux d’intérêt sont actuellement très bas et cela rend les constructions avantageuses sur le plan économique. Les investisseurs privés en sont parfaitement conscients.
Les autorités du hockey suisse soutiennent-elles financièrement la construction des nouvelles patinoires?
Non, mais c’est le cas de l’Office fédéral du sport, via le programme de conception des installations sportives d’importance nationale. Certaines nouvelles patinoires sont concernées par ce programme [Lausanne, Ambri, Viège, Ajoie, Fribourg, Davos et Langnau]. Du côté de la ligue, un comité dédié aux infrastructures accompagne les clubs et les communes dans leurs initiatives et effectue des visites sur place. Il donne des conseils et des informations, en se basant sur d’autres constructions déjà menées à bien. La collaboration entre les différentes instances est excellente.
Y compris concernant la lutte contre la violence dans les enceintes?
Oui, clairement. Chaque club est obligé de nous envoyer son concept sur les questions de sécurité chaque saison. Cela fait partie des exigences pour obtenir la licence de jeu. D’ailleurs, on remarque que la violence est moins présente dans les nouvelles patinoires, grâce notamment à des contrôles mieux effectués et à une surveillance vidéo plus efficace.
N’y a-t-il pas quand même quelque chose à perdre à quitter d’anciennes patinoires comme la Valascia d’Ambri, son charme, son ambiance?
Non, je ne crois pas. Dans bien des cas, à Langnau, Fribourg ou Davos, il s’agit de rénovations. On fusionne le neuf avec l’âme de la vieille enceinte. Il est clair que la Valascia est un endroit exceptionnel… Mais là-bas, il est impossible de faire une rénovation à cause du danger d’avalanches sur le site actuel. Cela dit, nouvelle patinoire ne rime pas avec manque d’ambiance!
Même avec le développement des zones VIP?
Je ne pense pas que les VIP plombent l’ambiance. Même sans drapeaux, tambours ou chants, ils restent des fans enthousiastes. Et les loges font partie du jeu. Pour amortir les coûts élevés des nouvelles infrastructures, il faut des spectateurs en tribunes mais également des VIP. Le chiffre d’affaires des clubs dépend beaucoup d’eux.
Une nouvelle patinoire sans loges pour des invités, c’est devenu impensable?
Ce n’est effectivement plus la structure d’une patinoire moderne. Je crois même que ce type d’enceintes n’existe plus à haut niveau. Il y a beaucoup de patinoires à l’étranger qui n’ont même plus de places debout. En Suisse, on garde cette tradition, je suis convaincu que la bonne formule est une cohabitation des différents types de public. C’est vrai que lorsqu’on regarde les spectateurs debout à Berne, ce fameux mur, c’est impressionnant…
Selon vous, les nouvelles patinoires vont-elles faire progresser le niveau de jeu en Suisse?
C’est difficile à dire. Mais vous savez, si les clubs peuvent augmenter leur budget grâce aux revenus des nouvelles patinoires, cela signifie qu’ils peuvent aussi renforcer leur équipe. Et finalement, c’est le niveau général qui augmente. Il peut y avoir une sorte de spirale positive.
Un renouvellement indispensable
«Continuer à évoluer à Malley, même rénovée, aurait signifié la fin du Lausanne Hockey Club en première division. Pour nous, il était indispensable économiquement d’avoir une nouvelle enceinte.» Chris Wolf, directeur commercial et marketing du club vaudois, ne peut être plus explicite, et le constat qu’il pose résonne dans tout le pays. Depuis une dizaine d’années, les clubs suisses sont nombreux à avoir perçu la nécessité de moderniser leurs infrastructures afin de poursuivre leur développement. Ceux que ne s’y sont pas encore astreints sont sur le point de le faire.
Les Lausannois disputeront leur premier match dans la flambant neuve Vaudoise Arena le 24 septembre à l’occasion d’un derby lémanique contre les Aigles de Genève-Servette, qui espèrent eux aussi s’envoler prochainement des Vernets pour se poser sur le site du Trèfle-Blanc. Un nouveau comité de pilotage a été créé ce printemps pour donner une impulsion définitive au projet. «Le besoin d’une nouvelle patinoire à Genève est indéniable, tranche Thierry Apothéloz, conseiller d’Etat genevois chargé des sports. Après passablement d’années de réflexion, et parfois de tergiversations, il est temps d’aller de l’avant. Le site du Trèfle-Blanc a été validé par le comité de pilotage. La patinoire des Vernets est l’une des plus vétustes de Suisse et ne correspond plus du tout aux standards permettant au Genève-Servette d’évoluer en National League. Le hockey est un sport très populaire et la population genevoise mérite aujourd’hui un écrin à la hauteur de la passion qui entoure notre équipe.»
Rester populaire
Les impératifs sont les mêmes à Sierre, néo-promu en Swiss League, qui projette de quitter Graben en 2024 pour une nouvelle enceinte. «Cette patinoire est chaleureuse, mais tant qu’on ne possédera pas une nouvelle infrastructure, le club ne peut rien espérer d’autre que survivre», explique Alain Bonnet, président du HC Sierre. Pour ce club reparti de 3e ligue en 2013 après une faillite, l’objectif est de s’implanter durablement en deuxième division avant de viser le titre et rêver d’une promotion dans l’élite au moment de griffer la nouvelle glace.
En Valais, l’arène de 5000 places devra amener des revenus supplémentaires, grâce notamment aux droits sur la restauration et le développement du secteur VIP. A Graben, toutes les loges sont déjà pleines pour cette saison. «On doit proposer quelque chose de mieux à nos partenaires. Ils recherchent la visibilité et souhaitent accueillir leurs clients au match. Aujourd’hui, les VIP ont une part toujours plus importante pour faire vivre financièrement un club», explique Alain Bonnet.
Sierre, Genève et Lausanne attendent beaucoup de leurs nouveaux écrins. En plus du confort, leurs dirigeants espèrent y retrouver l’ambiance des anciennes patinoires. «Nous avons maintenu 3000 places debout pour garder l’ambiance et le charme que Malley avait. La Vaudoise Arena restera populaire, avec toutes les classes sociales représentées. Un objectif primordial pour nous», conclut Chris Wolf.