Le match vu du centre de la grande tribune (pas celle de Genève, mais celle des Vernets) :
Au générique :
Mon voisin de gauche : Le Père-Vert
Mon voisin de droite : Homer Simpson
Mon voisin de devant : Le Vieux
Durant le trajet en voiture direction ce monument typique de l’architecture genevoise qui abrite notre patinoire, je me surprends à imaginer la conversation du coach dans le car des SCL Tigers (à lire avec un accent suisse-allemand…) :
Heinz Ehlers (HE) : Rüdi, baisse le son de le DRS je fais parler aux boys.
Rüdi : OK chef.
HE : OK meine Schätzli, on fa aller gagner à Genf chez les Welches et on fa sortir un hüere (hüere en suisse-allemand = vachement en français, toujours bon à sortir aux gars de la stammtisch quand on est en déplacement) de match comme contre Bärn.
L’équipe : OK chef.
HE : Mol aalueggä (= voyons-voir) ! Für du Damaniano (Ciaccio le gardien pour ceux qui ne suivent pas…) c’est sehr facile. Le stamm du Genf il a juste vier stratégies.
Damiano Ciaccio (DC) : Hey ? (celui que nous a tous sorti un jour un adjudant suisse-allemand pour ceux qui ont fait l’armée au-delà de Colombier…).
HE : Ja ja ja… nur vier. Nicht fünf ! Nur vier !
L’équipe : Ach ces welches, jamais travail, toujours rigole…
HE : Die erste, il n’y a que le numéro 58 Loeffel qui a le droit de tirer au goal depuis où il veut et dans 95% c’est de face depuis la blueline. Et c’est sehr facile il est top-scorer, tu le vois venir de loin.
Die zweite, quand Leoffel il est pas sur la glace, les tirs arrivent toujours de la gauche, jamais de la droite. OK ?
DC : OK coach, aber c’est où le gauche ?
HE : là où tu as le mitaine, kopfertami Damiano, là où tu as le mitaine, punkt schluss.
DC : OK coach.
HE : Pour vous, les autres schätzli, il y a encore les stratégies 3 et 4. La drei, c’est sehr facile aussi. Quand un genfer il a le puck, il tire au fond graaduus (tout droit) et les autres il vont so schnell dessus. Ca fonctionne pas mais ils continuent à croire qu’on a pas compris la stratégie… Ach ces welches…
La dernière des stratégies c’est le Warmkartoffelnspiel (en français = le jeu de la patate chaude), quand un joueur à le puck, il le donne à un autre joueur comme za le Chris il lui schüttlä (secouer) pas les Lüüti (cloches). Ca fait un spiel vraiment wüescht (moche) aber c’est comme ça.
OK les Schätzli, des frage ?
L’équipe : Nein, c’était alles gut coach.
Le car arrive aux Vernets et moi aussi.
19:20, le stand pâtisserie des juniors.
19:25, arrivée sur mon siège, je suis le premier, personne autour de moi.
19:28, arrivée du Vieux. « T’as vu, il parait que Bezina reviendrait à Genève !?, moi qu’était content qu’il soit parti ça m’énerve. » Je lui demande d’où il tient cette info. « Entendue au coin du bar…. » On ne saura jamais quel bar car Homer Simpson arrive et nous propose des muffins fait maison par Madame.
Occupé à notre dégustation c0est à peine si on dit bonjour au Père-Vert.
19:35, les 10 minutes habituelles de debriefing des derniers potins. L’info sur Bezina n’y revient pas… par contre on y apprend que :
- Si Hasani vient de signer c’est car il n’a plus le niveau pour la LNB et que c’est bien une preuve que l’on va faire faillite,
C’est la guerre entre McSorley et les canadiens de Vancouver et du coup McSorley va certainement partir à la fin de la saison, c’est pour ça qu’il ne tient plus les joueurs comme avant,
Le McSorley Pub devrait fermer à la fin de la présente saison,
Slater n’a pas l’étoffe d’un capitaine, Vuko aurait dû accepter ce poste.
Rien donc de bien nouveau sous le soleil.
Pom-pom, Sherkan, Cé qué laino (on se ri dé canaille ou des lausannois, c’est selon…), entrée des joueurs, départ.
Pas deux minutes de jeu que Le Vieux s’excite déjà. « Y’a pas d'âme dans cette équipe, y'a que des ânes, on se croirait déjà en première ligue. On va se prendre encore une raclée. »
On tire, on manque, on tire, on manque, on balance devant, on perd le puck, Loeffel tire, retire et tire encore… Je commence gentiment à me dire que mes réflexions sur la discussion de Heinz avec ses joueurs dans le car sont en effet une triste réalité sur notre jeu.
Père-Vert se tourne vers moi « T’as vu le numéro 24 ? » Tiens un nouveau joueur, je commence une lecture assidue du journal et de la liste des joueurs avant de comprendre qu’il me parle de la pom-pom girl.
Gerbe me surprend en bien, il devient un peu plus actif et prédominant. Homer me regarde et au lieu d’un de ses jeux de mot habituels me dit que Spaling est vraiment une chèvre et qu’il aurait mieux fait de ne pas jouer, on est à 18’45… 18’51 Le même Spaling plante. Homer exulte et crie un énorme « Je le savais, il est au top ! ». La caricature du supporter mon voisin, rien de plus, rien de moins. Du coup Homer descend pour se chercher une bière avant la cohue.
Première pause : T-shirts blancs et rouges qui s’envoient en l’air, frisbee qui volent. Il y a au moins quelque chose qui prend de la hauteur dans ce match, car au niveau de l’intensité sur la glace c’est le calme plat.
20’00, début du deuxième… Les Tigres de l'Emmental égalisent à 21’20. Ils étaient à 4 contre 3… A compter de cet instant on sombre dans une guerre des tranchées. Ca part à gauche, ça revient à droite et on recommence. Un peu l’impression d’être devant un match de tennis. C’est bien triste et franchement peu motivant à regarder. Rubin sort sur blessure, sans pénalité aucune pour l’adversaire…
Quelques mots sur l’arbitrage suisse en général. Il est juste triste à pleurer et d’un niveau qui n’est de loin pas à la hauteur de notre championnat. Cela fait maintenant quelques années que nos zébrés ne sont même plus conviés aux Championnat du Monde pour officier. Cela ne semble néanmoins pas inquiéter notre merveilleuse ligue suisse. A quand l’ouverture d’une école européenne de l’arbitrage dans laquelle on formerait une élite pour mieux arbitrer notre sport ?
Deuxième pause : Le Père-Vert est aux anges et descend près de la barrière. Cette pause c’est SA pause, SON moment. Celle où les pom-pom girls se trémoussent sur la glace pour sa plus grande joie. Je pense que finalement ce soir il ne sera au moins pas venu pour rien.
40’00 Début du troisième : J’ai connu des parties de golf durant lesquels on était plus excité, c’est tout dire. On joue de malchance avec Gerbe et Spaling qui manquent la cage à tour de rôle.
50’00, on part gentiment vers notre schéma habituel, on domine (de peu), on ne marque pas et on perd en prolongation.
Le Vieux dit qu’il ne s’étonne plus de rien et que ce match, comme cette équipe, comme cette patinoire, comme ce championnat, c’est du grand foutoir et il s’en va, énervé.
Le Père-Vert ne dit rien, le match l’a endormi, comme beaucoup d’autres personnes dans l’enceinte. Soudain une faute et il sursaute et gueule sur ces enc… d’abitres qui font rien qu’à siffler contre nous, il éructe, il s’énerve ! C’est pas le GSHC qui perd, ce sont les arbitres qui l’empêchent de gagner.
Homer Simpson se tourne vers moi et, avec un clin d’œil, me glisse : « Il doit pas aimer les animaux. Ou alors il a été gardien dans un zoo et a eu des démêlées dans l’enclos des zèbres. » Merci Homer, ta bonne humeur est contagieuse et sent bon la joie de vivre.
55’20, Spaling plante le 2-1, gros coup de coude de Homer Simpson « T’as vu, dis ? T’as vu ? Il est au top de sa forme ! » Dois-je lui rappeler ses propos du premier tiers sur Spaling ?
Par le temps de m’attarder sur cette réflexion, 56’47, Wick plante le 3-1 ! On se prend à rêver d’une victoire dans le temps réglementaire.
60’00 Malgré la sortie de leur gardien, Langnau n’est pas revenu à notre hauteur. Les spectateurs explosent ! Enfin, une victoire et trois points. On aura bien le temps de penser au chemin de croix qu’il nous reste à accomplir avant d’être certains d’être en play-offs.
On est reparti en y croyant, une nouvelle équipe est née, un nouvel élan (pas l’animal) se dessine.
On va prendre match par match et gagner cette huitième place pour être en play-offs. Il faut juste encore battre des Dragons, des Lions, des Tigres, des Ours, des tessinois, des montagnards, des Tcherno-Biel et bien d'autres, mais on peut le faire, on doit le faire !
Les gens sont heureux et les serveuses du McSorley Pub auront de bons pourboires ce soir.
Dis, tu penses qu'on ose proposer tes voisins pour un Oscar dans la catégorie "documentaire animalier" ?